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Les droits humains, c'est quoi ?

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Les droits humains, c'est quoi ?

Publié: 26.11.2025 / Mis à jour: 19.11.2025

Chaque être humain a des droits inaliénables et universels du seul fait de sa condition humaine. Ces droits sont indépendants de l'origine, de la culture, du sexe ou de la situation sociale. Ils protègent la dignité, la liberté et l'égalité de tous les êtres humains.

Le concept des droits humains repose sur les hypothèses de base suivantes :

  • Tout être humain est porteur des droits humains. Le seul critère à cet égard est le fait d'être biologiquement humain.

  • Les droits humains sont fondamentaux et constituent la base d'une société libérale, démocratique et fondée sur l'Etat de droit.

  • Les Etats jouent un rôle crucial dans la mise en oeuvre des humains, notamment en créant un cadre juridique pour leur application. Mais les Etats ne sont pas les seuls à avoir le devoir de protéger les droits humains ; les entreprises ont également cette responsabilité.

  • Les droits humains sont, en théorie, universels : ils sont valables partout, à tout moment et pour tout le monde. Tout être humain a droit à leur réalisation, en toutes circonstances.

Certains groupes bénéficient de droits spécifiques (par exemple les droits des femmes, les droits des enfants ou les droits des personnes handicapées). Ces droits ne sont pas en contradiction avec l'universalité des droits humains, ils concrétisent au contraire leur efficacité. Ils tiennent compte des différentes conditions de vie et des inégalités structurelles, et promeuvent la protection et l'égalité des groupes marginalisés.

L'idée que les droits humains sont valables partout et pour tou.te.x.s est controversée. La revendication d'une validité universelle s'oppose au fait que les droits humains sont toujours marqués par le contexte historique, culturel et politique du moment.

Exigences en matière de droits humains

Les droits humains donnent lieu à trois types de droits de l'individu vis-à-vis de l'Etat :

  • Droits à la défense : protection contre les ingérences (par exemple droit à la liberté d'expression)

  • Droits à la protection : obligations de protéger activement les individus (par exemple droit à la protection contre la discrimination)

  • Droits procéduraux : droits à des prestations ou à des procédures (par exemple droit à un procès équitable).

Justifications pour les droits humains

Souvent, les droits humains apparaissent comme une évidence, mais leur justification reste controversée. En philosophie, différentes approches légitiment ou justifient les droits humains. Pourquoi les êtres humains ont-ils, selon les mots célèbres de Hannah Arendt, « le droit d'avoir des droits » ?

Quatre courants de pensée philosophiques avancent des explications théoriques sur les droits humains : les théories du droit naturel, les théories du contrat, les théories de l'éthique sociale et les théories constructivistes.

  • Théories des droits naturels : les droits humains découlent de la nature de l'être humain. Ils ne sont pas octroyés par les Etats, mais sont donnés à chaque être humain dès sa naissance et doivent être protégés par l'Etat.

  • Théories contractuelles : les droits humains existent lorsqu'ils sont définis à un moment donné dans un contrat social.

  • Théories de l'éthique sociale : les droits humains sont un moyen de créer une société juste et digne. La société a l'obligation morale de créer les conditions pour que tout les êtres humains puisse mener une vie bonne.

  • Théories constructivistes : les droits humains sont des constructions sociales qui évoluent au cours de l'histoire et peuvent être conçus différemment en fonction du contexte culturel. Ils contredisent ainsi l'idée d'une validité universelle absolue.

Le concept moderne des droits humains

La création de l'ONU, avec la Déclaration universelle des droits humains (DUDH) de 1948 et l'adoption des deux pactes sur les droits humains (Pacte ONU I et Pacte ONU II), entrés en vigueur en 1976, est considérée à bien des égards comme la naissance moderne des droits humains.

L'ONU a introduit la notion de droits humains dans la politique et le droit internationaux. Mais ses racines sont multiples et remontent bien plus loin dans l'histoire. Les approches des droits humains se retrouvent dans les religions, les cultures et l'histoire des idées de l'humanité, à différentes époques et en différents lieux.

La Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) est d'une grande importance pour la Suisse. Entrée en vigueur en 1953, elle a été ratifiée par la Suisse en 1974. Elle concrétise les droits humains dans un contexte européen et les rend juridiquement contraignants pour les Etats signataires. La CEDH a également une grande importance juridique et sociale pour la Suisse. Elle influence la jurisprudence suisse, en particulier dans le domaine des droits fondamentaux, et sert de référence pour les standards en matière de droits humains.

Perspectives critiques sur le concept moderne des droits humains

Ce que nous pensons savoir des droits humains – leurs origines, leurs idées et leur signification – n'est pas partagé par tou.te.x.s. Trois perspectives critiques montrent pourquoi la notion actuelle de droits humains soulève aussi des questions.

Perspectives postcoloniales

Le concept des droits humains, tel qu'il est compris aujourd'hui, étant étroitement lié à l'histoire des idées européennes (et nord-américaines), il est culturellement marqué. Les théories postcoloniales critiquent l'eurocentrisme des droits humains qui s'est développé au fil de l'histoire et soulignent que de nombreux problèmes politiques et sociaux remontent jusqu'à aujourd'hui à l'héritage du colonialisme.

Le droit et la législation ont toujours servi d'instruments de pouvoir colonial et postcolonial, et les droits humains ne font pas exception.

De plus, les perspectives postcoloniales soulignent que les pays anciennement colonisés sont souvent omis des récits sur l'histoire de l'élaboration des droits humains, en particulier de la CEDH, bien que certains y aient contribué de manière déterminante. Au lieu de cela, les Etats africains et asiatiques sont souvent présentés comme ayant besoin d'aide ou comme étant « non civilisés ».

Après la Première Guerre mondiale, les Etats vainqueurs ont repris d'anciennes colonies en tant que territoires mandatés sous la surveillance de la Société des Nations, puis de l'ONU. Officiellement, ces territoires devaient être préparés à l'indépendance, mais dans les faits, les anciennes puissances coloniales ont souvent gardé le contrôle et imposé par la force leur conception d'une vie « civilisée ». Ce n'est que sous la pression des mouvements anticoloniaux et des nouveaux Etats indépendants que les personnes issues des anciennes colonies ont pu faire entendre et reconnaître que les droits humains s'appliquaient également à elles.

Malgré les efforts de décolonisation dans le discours sur les droits humains, la langue et la structure des droits humains sont encore aujourd'hui fortement marquées par les conceptions européennes et nord-américaines. La forme même des droits humains en est un exemple : la plupart des droits humains sont des droits individuels, les formes de vie collectives et communautaires ne sont guère prises en compte. Le reproche d'impérialisme culturel, c'est-à-dire d'imposer des valeurs occidentales dans le monde entier au nom de droits universels, reste donc d'actualité.

Perspectives critiques du capitalisme

L'historien du droit et expert en droits humains Samuel Moyn critique de manière exemplaire le fait que les droits humains, dans leur forme actuelle, ne remettent pas en question les rapports de force capitalistes et sont donc pas un instrument efficace contre la pauvreté.

Les droits humains se concentrent surtout sur les libertés individuelles et la protection contre la violence étatique, tandis que les droits sociaux et la justice économique ne sont pas suffisamment pris en compte. Certes, le mouvement des droits humains dénonce la souffrance et la pauvreté, mais il n'offre pas de solutions structurelles aux inégalités.

Dans cette optique, les droits humains seraient les compagnons idéologiques du néolibéralisme : ils remplacent les luttes politiques pour l'égalité par des appels moraux. Sa perspective critique du capitalisme propose donc d'ajouter aux droits humains une dimension sociale substantielle, qui place l'égalité matérielle et la justice économique au centre.

Perspectives critiques de l'antropocentrisme

Les droits humains ne s'appliquent qu'aux êtres humains. C'est pourquoi ils sont anthropocentriques, autrement dit centrés sur l'être humain. Dans une perspective écocentriste, qui place non pas les humains mais l'écosystème dans son ensemble au centre des considérations morales et politiques, cette vision est problématique. Elle questionne pourquoi seuls les êtres humains devraient avoir des droits fondamentaux et universels et non pas la nature dans son ensemble - les rivières, les forêts ou les montagnes. L'objectif est de préserver l'intégrité écologique de tous les systèmes de vie.

Les défenseur.euse.x.s des droits des animaux demandent également un élargissement de la notion de droit au-delà de l'espèce humaine. Contrairement à la perspective écocentriste, ce n'est toutefois pas l'ensemble de la nature qui est ici au centre des préoccupations, mais la capacité de certains êtres vivants à ressentir de la douleur ou des émotions.

Les droits humains et le mandat de l'ISDH

L'histoire et la théorie des droits humains montrent que ceux-ci ne sont pas statiques, mais qu'ils se développent dans le cadre d'un processus de négociation continu entre revendications universelles et réalité sociale. Ils s'enracinent dans les luttes historiques pour la liberté et l'égalité, et sont en même temps sans cesse remis en question par de nouveaux défis tels que les inégalités sociales, les crises écologiques ou les rapports de force postcoloniaux. C'est dans ce champ de tensions que s'inscrit l'Institution suisse des droits humains. Son mandat consiste à renforcer et à développer les principes universels des droits humains dans la pratique sociale et juridique concrète de la Suisse. Elle snesibilise au fait que les droits humains comprennent aussi bien des droits de défense que des obligations sociales et écologiques, et que leur réalisation fait toujours partie d'un processus démocratique vivant.

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